Devenir pilote : pas un rêve, seulement un pas dans la bonne direction
Devenir pilote : pas un rêve, seulement un pas dans la bonne direction
Nancy Vermeulen (43), fille d’un technicien en communication, habitait dans son enfance près de la base aérienne de Kleine-Brogel. Bien que les F-104 Starfighter et les F-16 l’impressionnaient, devenir pilote n’était pas son rêve de jeunesse. La petite fille voyait plus grand. Avec son premier télescope, cadeau pour son septième anniversaire, elle regardait la Galaxie pendant des heures.
Astronaute, c’est ce qu’elle voulait devenir !
Volkssterrenwacht Urania à Hove a joué un rôle important dans sa jeunesse. Nancy y a régulièrement participé à des stages pour jeunes. Ses rêves y ont été transformés en projets concrets. Fortement inspirée par ses conversations avec Dirk Frimout, elle a décidé de se consacrer d’abord aux sciences. Elle est allée étudier la physique et l’astronomie à l’université d’Anvers. Avant, peu intéressée par l’enseignement scolaire en général, elle ne voulait qu’étudier ce qui l’intéressait. Elle a pourtant réussi son Master of Science avec grande distinction.
« Deux voies peuvent mener à l’espace : une carrière scientifique et une carrière opérationnelle comme pilote. Ou une combinaison de ces deux, ce qui est encore meilleur. »La jeune femme fanatique a élaboré une stratégie pour réaliser son rêve d’astronaute. Selon Frank De Winne, elle aurait plus de chances d’être sélectionnée, si, outre scientifique, elle était aussi pilote. Aussitôt dit, aussitôt fait. Nancy a achevé ses études de pilote à la Flight Academy de la Sabena. C’est précisément dans cette période que l’entreprise a fait faillite. Pour pouvoir rembourser son lourd prêt étudiant, elle a commencé à voler pour DHL.« Lors des vols de nuit, quand les lumignons dans mon cockpit s’étaient éteints, je me complaisais à regarder la Galaxie. Je me croyais dans l’espace. »Après avoir volé pendant six ans sur Boeing 727 et Airbus 300 auprès de DHL et avoir aussi accompli quelques missions en temps de guerre au-dessus de Bagdad à bord d’un avion-cargo Airbus 300, elle a décidé de quitter cet employeur pour atteindre son but ultime. Nancy a commencé comme scientifique auprès de la TU Delft et ensuite auprès de l’Institut Royal Météorologique (IRM) jusqu’à ce qu’elle ait de nouvelles chances dans le monde de l’astronautique.En 2008, l’European Space Agency (ESA) a finalement ouvert des postes vacants. Parmi 15.000 candidats, elle n’a sélectionné que six personnes pour devenir astronaute. Nancy, disposant des compétences et des diplômes requis, a fini dans les derniers 400. Une sorte de loterie, mais hélas, pas gagné.Elle en a été fortement déçue. Tout ce qu’elle avait fait dans sa vie, s’était vraiment inscrit dans l’optique de son job de rêve. Et alors, après cette procédure de sélection, tout était fini ! Vraiment ? Pas du tout ! Nancy a ébauché de nouveaux plans en se réorientant vers l’astronautique commerciale.« Si ce n’est pas possible dans l’espace, on s’entraîne provisoirement sur terre. »En 2010, en collaboration avec la Mars Society, soutenue par l’agence spatiale américaine NASA et grâce au soutien financier de la Loterie Nationale, Nancy est devenue commandante d’une simulation de mission sur Mars dans le désert de l’Utah (USA). Accompagnée de cinq autres Belges, elle est restée pendant quinze jours au sein de la « Mars Desert Research Station », un espace cylindrique à deux étages d’un diamètre d’à peine 8 mètres. Ce site complètement isolé du monde extérieur offrait une simulation quasi parfaite du paysage martien. On y a fait des recherches scientifiques dans le domaine de l’astronomie, de l’étude climatique, de la navigation et de la géologie. Pour toutes les activités en dehors de la capsule, les participants devaient porter un scaphandre spatial.Maintenant, cette « femme avec une mission » combine de nombreuses activités. Elle est non seulement instructrice de pilotes dans une école de pilotage à Maastricht, mais elle est aussi en train de développer sa propre entreprise, Space Training Academy. Par des conférences et des ateliers en rapport avec l’astronautique, elle atteint des entrepreneurs, des associations et aussi des jeunes. En faisant cela, elle espère porter l’astronautique à l’attention du grand public et motiver les jeunes à se lancer dans les études dans ce secteur. Elle donne aussi des formations initiales à de futurs astronautes commerciaux. Si Nancy fera encore un voyage spatial ? S’il ne tenait qu’à elle, certainement. Elle a toutes les capacités : la motivation, les connaissances et les relations requises. Elle entretient même des contacts personnels avec l’un des grands pionniers de l’astronautique commerciale, Sir Richard Branson. En attendant, elle continue à partager ses connaissances lors de ses conférences et comme commentatrice dans les médias nationaux et internationaux.
Plus d’infos: www.nancyvermeulen.be
Source: RateOne édition 06