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A(I)RSTISTIC

Une rencontre de l’art et du vol

Fasciné par les avions sensationnels, par les photographes munis de leurs gigantesques téléobjectifs, par le son des radios retransmis par les haut-parleurs … La passion de l’aviation est née pour Jimmy De Clercq, comme chez beaucoup d’autres garçons, lors d’une visite à un spectacle aérien quand il avait onze ans. « J’ai adoré ce que ces pilotes faisaient. Ce monde totalement inconnu m’a fait rêver : j’ai immédiatement associé le vol à l’art. »

De nombreuses années plus tard, nous prenons rendez-vous avec Jimmy (47) à un endroit qui ne nous est pas du tout familier. Dans sa fonderie d’art à Oostakker, il raconte son rêve de jeunesse, ses passions artistiques et sa persévérance qu’il lui a fallu pour réaliser tout de même ce que les autres ne le jugeaient pas capable de faire.

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La coulée de bronze est un ancien métier que l’on n’apprend pas à l’école.

« Lorsque l’instituteur m’a demandé ce que je voulais devenir, j’ai répondu pilote. En ricanant, il a dit sur un ton sarcastique : « Je crains que tu ne le deviennes jamais ! » Même si je n’étais pas le premier de ma classe dans le primaire, j’étais quand même certain que cet homme aurait à revenir sur son jugement.

Mes parents sont morts quand j’étais encore jeune. Rien ne pouvait alors retenir mon attention, certainement pas l’école. J’ai décidé de suivre une formation de mécanique et de soudage de construction dans une école professionnelle. Après un certain temps, je me suis rendu compte que je pouvais étudier davantage, mais lorsque j’ai voulu reprendre le fil de mes études, c’était malheureusement trop tard. Rattraper le retard n’était plus une option.

Après ma période scolaire, je n’ai pas immédiatement trouvé ma place. À contrecœur, j’ai dû aller travailler dans une usine pour gagner ma vie. Je traînais d’un job à un autre : douze métiers, treize malheurs. Cependant, j’ai toujours continué à suivre des cours du soir : la photographie, la vidéographie, des programmes graphiques, toutes des disciplines où je pouvais donner libre cours à mes talents artistiques.

Un collaborateur du VDAB qui connaissait ma situation, m’a invité à me rendre dans une fonderie de bronze, croyant bien que ce serait mon truc. En entrant dans l’atelier et en voyant sortir le gobelet ardent du four, j’ai eu le même sentiment que lors de ce spectacle aérien des années auparavant. J’avais trouvé une nouvelle passion.

Je suis resté dans la fonderie pendant les vingt années suivantes pour apprendre le métier du maître lui-même. Ma curiosité et mon amour pour le métier ont motivé mon employeur à vraiment tout m’apprendre.

Avec un copain actif dans la musique, une autre branche différente du monde artistique, j’ai finalement repris l’entreprise de mon patron. Chaque jour encore, je ressens mon métier comme l’un des plus beaux du monde, avec à chaque fois de nouveaux défis. Un métier créatif, captivant et parfois même spectaculaire.

En créant nos œuvres d’art souvent complexes, en élaborant nos idées ou en discutant d’œuvres d’autres artistes, nous avons des conversations animées sur l’art : qu’est-ce que l’art, qu’est-ce qui est bon, qu’achèterions-nous nous-mêmes ?

Nous ne sommes pas seulement des associés, mais aussi des copains qui se confient l’un à l’autre. Ainsi, mon collègue était aussi au courant de mon rêve de jeunesse de devenir pilote. C’est lui qui m’a convaincu il y a trois ans de contredire le jugement de cet instituteur.

Muni d’une connaissance limitée, je suis entré dans l’aéroclub à Ursel. Je ne connaissais rien de plus que les quatre points cardinaux. Je n’avais jamais eu de cours de physique à l’école professionnelle et je ne savais rien des types d’avion. Après la première leçon, un peu découragé, j’ai traîné à la maison avec mon paquet de livres sous le bras. Mais je suis persévérant ! Grâce à l’aide de mes enseignants et mes condisciples, j’ai réussi à assimiler toute la théorie. Plus la formation avançait, mieux j’étudiais. J’ai obtenu un score de 83 % pour mon examen théorique à Bruxelles et un 5 sur 6 pour mon test d’anglais. Pas mal pour un fondeur de bronze, n’est-ce pas ? C’est à ces moments-là que je pense à mes parents, et comme ils auraient été fiers de moi.

Aujourd’hui, j’ai 62 heures dans mon carnet de vol et je suis en train d’achever les derniers exercices pratiques à Wevelgem pour obtenir bientôt ma licence PPL. Voler est surtout un hobby pour moi. Et un voyage à l’étranger est peut-être aussi une option à l’avenir. Je m’amuse et le vol m’inspire. Entre-temps, l’aviation a aussi infiltré dans mon esprit et dans mon travail. »

Voudriez-vous donner un peu d’explications sur quelques œuvres d’art que vous avez faites ?

METAR, la demi-hélice montée obliquement sur un socle raconte sa propre histoire. L’élégance de l’hélice polie montre un code que le pilote comprend immédiatement. Pour un profane, ce code n’est pas plus qu’un numéro de série ou un message mystérieux.

Bien qu’Icarus soit l’une des figures les plus peintes ou sculptées de la mythologie grecque, la mienne a une vraie tête de caractère et des traits comiques. C’est un super-héros contemporain avec des ailes étendues sur toute l’envergure, équipées de moteurs supplémentaires.

Qui pense que tout est déjà fait, restera sans doute pantois dans les temps à venir. J’ai encore un tas d’idées. Quand je suis lancé, c’est difficile de m’arrêter. Les amateurs de l’art et de l’aviation seront certainement captivés par mes créations et par les œuvres qui couleront de notre fonderie de bronze dans les années à venir.

Wolfputstraat 46
9041 Oostakker (Gent)
www.bronsgieterij.be

Source: RateOne édition 05