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Le transport d’organes : une course contre le temps !

Cela ne fait aucun doute : notre réseau routier est saturé. Quand le temps presse, il vaut donc mieux préférer le transport aérien au routier. Comme les organes ne peuvent rester que quelques heures hors du corps et que les transplantations s’effectuent toujours sous la pression du temps, on se doit de chercher la route la plus efficace pour le transport d’organes entre le donneur et le receveur.

La seule photo de Luc avec le Dr. Van Rood, entre-temps décédé. Pas de la meilleure qualité, mais quand même un souvenir précieux pour Luc.

Réglementation belge depuis 1986

À l’hôpital universitaire de Gand, on rencontre l’infirmier Luc Colen – bie. Depuis 1993, il y travaille comme coordinateur de transplantati – on. Entre-temps, il combine cet emploi avec la fonction d’expert qu’il occupe auprès du Service public fédéral de la Santé publique sous la direction de la ministre Maggie De Block. En Belgique, outre l’hôpital à Alost, il y a encore 7 hôpitaux universitaires qui sont agréés comme centre de transplantation. Une équipe d’en moyenne 30 infirmiers, employés dans les différents centres, coordonnent toutes les trans – plantations d’organes.

Le tout premier succès obtenu chez des jumeaux univitellins

Il faut remonter à 1954 pour la première transplantation rénale réussie avec un donneur vivant. Le chirurgien américain J.E. Murray a transplanté un rein de Ronald Herrick chez son frère jumeau univi – tellin Richard qui souffrait d’une maladie chronique des reins. Cette expérience risquée a réussi et a prolongé la vie de Richard de 8 ans. « Grâce à l’identité génétique identique des deux frères, la trans – plantation a été un succès, » souligne Luc Colenbie. « Mais, contrai – rement à cette transplantation chez les jumeaux, des phénomènes de rejet se sont manifestés chez d’autres patients, parce qu’à cette époque on ne savait pas encore que non seulement le même groupe sanguin mais aussi le type du tissu jouait un rôle important. Cette connaissance fondamentale n’a été acquise qu’en 1958 grâce à la recherche, entre autres, de l’immunologiste néerlandais, le Dr. Van Rood. » On a dû attendre jusqu’en 1963 pour que des chirurgiens exécutent avec succès une transplantation rénale à Denver (USA), jusqu’en 1967 pour une transplantation cardiaque réussie à Kaapstad et, en ce qui concerne la Belgique, jusqu’en 1972 pour la première trans – plantation pulmonaire réussie à l’hôpital universitaire de Gand.

La combinaison parfaite

Puisque la détermination correcte des types de tissu est tellement importante et pour pouvoir aider autant de gens que possible, le Dr. Van Rood a fondé Eurotransplant. Cette organisation fonction – ne nuit et jour à Leiden (P.-B.) et fait concorder les demandes et les offres dans 8 pays coopérants. Non seulement les facteurs médi – caux et éthiques jouent un rôle, mais la donation doit aussi être réa – lisable sur le plan logistique. Ainsi, les reins peuvent être conservés 24 heures hors du corps, les poumons 10 heures, le foie 12 heures et un cœur à peine 4 heures.

Une fois tout mis en place, le temps commence à presser …

Après l’allocation par Eurotransplant, la procédure s’active. Pour une transplantation cardiaque ou pulmonaire, le chirurgien de l’hôpital recevant se dirige toujours à l’endroit où le donneur se trouve. Ce n’est qu’après que le médecin traitant a approuvé l’organe que le feu passe au vert et que l’on prépare le receveur dans son propre hôpital.

« Le temps presse toujours, » affirme Colenbie. « Imaginez qu’un cœur soit disponible à Innsbruck. Moi, je pars pour Wevelgem avec le chirurgien pour y prendre un avion privé pour Innsbruck. Une am – bulance nous y attend pour nous conduire à l’hôpital où le donneur se trouve. Une fois le corps ouvert et le médecin satisfait de l’organe, on prépare tout pour le transport. L’organe, emballé dans une glaci – ère, nous rejoint en ambulance vers l’aéroport pour arriver ensuite à temps en Belgique par voie aérienne. Croyez-moi, si quelque cho – se tourne mal, on est trop tard ! Les conditions atmosphériques, les embouteillages … de nombreux facteurs jouent un rôle en très peu de temps. Au besoin, si l’on n’y arrive pas en ambulance, on engagera un hélicoptère. Ayant, au sens propre, une vie humaine en main, échouer n’est pas une option, » raconte le coordinateur de transplantation.

Tout le monde se rend compte de l’importance de la situation

Colenbie continue : « Ce n’est pas seulement l’équipe médicale qui est sous pression, l’ambulancier et les pilotes eux aussi se rendent bien compte de ce qu’ils font. La motivation et l’implication de tous les membres de l’équipe sont d’une importance vitale pour apporter l’organe à temps chez le receveur. Et les choses ne s’arrêtent même pas là. En effet, malgré l’anonymat des patients, il se passe souvent que l’histoire reste dans l’esprit des pilotes après coup : comment cela s’est-il terminé ? L’organe a-t-il finalement pu sauver une vie ? » Luc Colenbie nous montre avec émotion la photo d’un grand nounours, cadeau des pilotes à la jeune destinataire du cœur qu’ils avaient transporté le soir de Noël.

Le respect pour la famille et pour le corps occupe le premier plan Le coordinateur de transplantation est la personne qui suit l’entier trajet de la transplantation, de la première à la dernière minute. Du moment courageux et dur du consentement par la famille du donneur à celui de l’annonce ou pas d’une opération réussie à la famille du receveur, le coordinateur de transplantation partage chaque émotion du moment. « Comment savez-vous manier ce tourbillon d’émotions ? » Colenbie répond : « Certes, c’est difficile, parce que l’on connaît l’histoire des deux parties. On partage leurs expériences, mais on doit quand même pouvoir leur donner une place. Les moments difficiles de perte et de chagrin se compensent avec les sentiments de victoire chez un patient qui a été sauvé et qui a la possibilité désormais de (mieux) vivre. Lors de notre carrière, on vit des moments qui sont pour toujours gravés dans notre mémoire. »

Donneur ou pas ? Parlez-en !

L’année passée (2017), rien qu’en Belgique, on a transplanté 1041 organes. Depuis un corps humain, on peut utiliser 8 organes au maximum : le cœur, 2 reins, 2 poumons, le foie (peut être divisé), le pancréas et l’intestin grêle. Une seule personne décédée peut donc sauver la vie ou améliorer la qualité de vie de huit autres personnes malades. La législation belge stipule que l’on est automatiquement donneur si l’on ne s’y est pas formellement opposé lors de sa vie. Cela reste quand même difficile pour les proches d’un patient en état de mort cérébrale de consentir à une donation d’organes dans cette période pénible s’ils ne connaissent pas la volonté formelle de leur bien-aimé. C’est pourquoi, si vous voulez faire une contribution aux autres après votre mort, faites-le savoir formellement à vos proches pendant votre vie.

AIRCRAFT

En cas d’urgence, les avions suivants sont engagés pour le transport des cœurs, des poumons et des foies :

• Cessna Citation Mustang

• Cessna Citationjet 525A,B,C (CJ1, CJ2+ en CJ3)

• Piaggio Avanti II

Les reins sont transportés par les lignes aériennes régulières. On choisit une compagnie en fonction des vols disponibles. Comme les vols ont le plus souvent lieu la nuit, les hélicoptères engagés doivent être équipés de deux moteurs, être certifiés IFR et avoir 2 pilotes à bord. Les types suivants du secteur privé entrent en ligne de compte :

• Airbus Helicopters AS 365 Dauphin

• Eurocopter EC145

Si aucun hélicoptère privé n’est à disposition, on fait appel au Seaking de la Défense.

Source: RateOne édition 04