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L’hélicoptère SMUR, une différence inestimable

Une image familière en Flandre occidentale : l’hélicoptère SMUR blanc et rouge de la province volant vers un lieu où des gens sont en danger. Cela ne nous étonne plus. Un service d’urgence médicale transportant à son bord un médecin urgentiste, un infirmier et tout l’équipement pour apporter les premiers soins. Quand l’hélicoptère est-il appelé ? Qui finance ce projet ? Combien le patient paie-t-il pour une intervention ? SkyMagazine a visité la base de l’hélicoptère SMUR immatriculé OO-HSN auprès de l’hôpital AZ Sint-Jan à Bruges et y a parlé avec l’équipage.

 

Le docteur Nicolas Müller est le médecin responsable auprès du service d’urgence de l’hôpital AZ Sint-Jan et y travaille déjà depuis 20 ans. En 1972, le Dr. Lust, l’un de ses prédécesseurs, a insufflé vie à ce projet. Aujourd’hui, plus de 40 ans plus tard, l’hélicoptère SMUR est bien connu partout et personne ne se demande encore s’il est évident d’offrir ce service à la population. Le Dr. Müller en sait plus. Comme médecin urgentiste, il se trouve régulièrement à bord de cet hélicoptère. Il est aussi président de l’a.s.b.l. qui a pour but de maintenir ce service d’aide médicale vital mais couteux par air.

Le médecin urgentiste raconte :

« Cet hélicoptère est exploité par notre a.s.b.l. et est équipé de tous les moyens d’un véhicule SMUR. L’hélicoptère est appelé environ 700 fois par an. Notre service SMUR a pris racine dans le paysage SMUR flamand.  Notre terrain d’intervention se situe dans un rayon de 50 km autour de l’hôpital. En cas d’appel vers le 112, on décide, sur la base de certains critères, des services qui doivent être engagés. Qu’il s’agisse d’un véhicule ou d’un hélicoptère SMUR, tout dépend de la vitesse pour atteindre le lieu d’intervention. S’il y a un accident dans une ville très fréquentée, l’hélicoptère ne peut pas toujours atterrir près de l’accident et atteint difficilement le lieu. À des endroits moins urbanisés, l’hélicoptère est la meilleure solution dans la plupart des cas. C’est pourquoi, nous devons nous rendre régulièrement sur la côte ou dans des régions moins peuplées. On nous engage aussi comme SMUR de réserve dans le cas où le SMUR local serait déjà engagé pour une autre mission.

Le transport par air peut faire gagner de précieuses minutes vitales. Nous pouvons ainsi sauver environ 30 vies supplémentaires. Tous les gens travaillant à notre service d’urgence sont formés pour pouvoir opérer à bord de l’hélicoptère. Cela demande un engagement du personnel mais évidemment aussi beaucoup d’argent. Sachez que cet appareil coûte environ 2 500 euros par heure de vol. Nous ne comprenons pas pourquoi nous ne recevons pas de subventions fédérales. Nous devons vraiment compter sur une contribution provinciale et sur une subvention des communes. Hélas, cette somme ne suffit pas pour financier notre projet. Heureusement, nous pouvons compter sur le sponsoring d’entreprises et sur le soutien d’associations qui organisent des événements en faveur de notre a.s.b.l. Sans ces contributions, nous ne pourrions plus offrir ce service. »

Nous sommes aussi curieux d’entendre le récit de Steven Vancoillie, le pilote présent lors de notre visite. Qu’est-ce qui rend le pilotage d’un hélicoptère SMUR si spécial ?

Le pilote raconte :

« Je fais partie d’une équipe de 7 pilotes expérimentés, qui sont de garde à tour de rôle. Nous volons du lever au coucher du soleil, vu que notre appareil n’est pas contrôlé IFR. Nous ne pouvons non plus être engagés en cas de mauvaises conditions atmosphériques, comme du brouillard. A cause du plus grand nombre de touristes sur la côte en été, cette période est pour nous plus chargée que l’hiver.

Lors de notre travail, nous ne sommes jamais éloignés de plus de 50 mètres de notre hélicoptère. Quand un appel entre, je cours immédiatement vers l’appareil pour démarrer les moteurs. Dans les 3 minutes, le médecin et l’infirmier s’y trouvent aussi à bord. Nous visons à décoller dans les 4 minutes.

L’aspect le plus difficile de mon job est l’absence d’un copilote lors du vol. Je dépends de l’assistance de l’infirmier pour m’aider à naviguer et à chercher une aire d’atterrissage appropriée la plus proche possible de l’intervention. À cet effet, les infirmiers reçoivent une brève formation.

Bien que ma tâche consiste principalement à voler, je peux être pourtant confronté à des images poignantes de victimes dans des situations parfois sanglantes. Il me faut souvent un peu de temps pour digérer ces images, mais cela fait évidemment partie du job.

Je combine ce travail avec d’autres jobs comme pilote d’hélicoptère commercial. Pour devenir pilote d’un hélicoptère SMUR, il faut avoir au moins 1 500 heures de vol.

Quand l’état du patient se stabilise, nous pouvons décider, en concertation avec le médecin, de transporter le patient à l’hôpital en hélicoptère. Nous enlevons alors le siège gauche de l’appareil, de sorte que nous puissions mettre le patient sur un brancard dans l’hélicoptère. »

Finalement, le patient ne paie rien de supplémentaire pour cette assistance par l’hélicoptère SMUR. La facture du transport par air est identique à celle par chemin. C’est un service offert par l’a.s.b.l. IMDH (Instituut voor Medische Dringende Hulpverlening) dont le résultat peut être inestimable : la différence entre vie en mort. 

Spécifications techniques :

Ecureuil AS 355-F2 à deux moteurs, immatriculé OO-HSN

Spécifications (AS 355)

  • équipage : 1 pilote
  • capacité : jusqu’à 6 passagers
  • longueur : 12,94 m
  • diamètre rotor : 10,69 m
  • hauteur : 3,34 m
  • poids à vide : 1 220 kg
  • masse maximale au décollage : 2 250 kg
  • vitesse maximale : 287 km / h
  • plafond : 6 100 m
  • rayon d’action : 476 km

Photography: Tacha Hoeck

Source: SkyMagazine